Un entonnoir pour les autistes
Retour maison
L’autiste vit dans son monde intérieur. Le ministre de l’Intérieur ne faisant rien pour lui, l’enfant handicapé fait ce qu’il peut, dépendant en permanence de l’adulte ; il fait des fugues, se met en danger, et ses parents doivent veiller au grain. Mère d’un enfant autiste, Sandrine Vaubourdolle ne peut chercher du travail, car elle ne trouve pas de place pour que son enfant perturbé soit pris en charge éducative par un IME, Institut médico éducatif. « Nous, les parents, ne sommes pas éducateurs, et l’enfant a besoin d’une tierce personne pour progresser. On n’a pas toujours la patience, on a besoin de souffler », dit-elle. Même si aucun chiffre officiel ne semble exister, les professionnels estiment que cette année scolaire aurait laissé sur le carreau quelques quarante enfants déficients mentaux du Grand Nantes de 6 à 16 ans qui, faute d’une place en institution spécialisée sont contraints d’être gardés l’essentiel de la semaine à la maison, sous la surveillance incessante des parents. Pas une sinécure. Les solutions partielles, demi-journées à l’hôpital ou quelques heures en surcharge dans un institut spécialisé amènent les mêmes contraintes. « Ces enfants réclamant un fort encadrement, on est regardé de travers par les parents de trisomiques qui ne sont pas contents de nous voir mobiliser deux éducateurs pour 6 ou 8 enfants. » Un taux d’encadrement double de celui de mongoliens. « Ce manque de places crée des situations absurdes : on se retrouve en concurrence avec les autres parents alors qu’on devrait s’entraider, ajoute Sandrine Vaubourdolle. C’est terrible : lors des entretiens devant un directeur d’IME, il faut « vendre » notre enfant. Un vrai boulot de commercial. Outre le dossier de l’enfant, c’est son comportement ce jour-là qui décide s’il est accepté. Une colère, des cris et on risque le refus. L’enfant doit faire ses preuves, se monter sous son meilleur jour. » Une épreuve que personne ne tolérerait pour l’acceptation de son gamin en maternelle. Plusieurs mômes étant candidats aux rares places disponibles, l’accès à l’IME se transforme en centre de tri. Des années après l’asile, on retrouve l’entonnoir.