Topique du cancer, version ouest-française
Coup décès
Il est formellement déconseillé de mourir avec le sourire. Surtout dans les colonnes de Ouest-France. Fin juillet, Patrick Guilloton a vu le journal bien pensant refuser l’avis de décès de son père*, rédigé avec lui quelques jours avant sa mort. Pour deux motifs, expliqués depuis Rennes par un responsable du journal, Paul Goupil : impossible de passer de la pub dans une insertion nécrologique. Pour resituer le bonhomme disparu, le texte précisait « La Roche-sur-Yon. Claude Guilloton, commerçant retraité (Claude Chausseur, le Narval) est enfin débarrassé de son cancer. Serein et conscient, il s’en est allé le 27 juillet… » On se demande quelle réclame pourrait être faite à un magasin de chaussures disparu depuis près de trente ans, et au bistrot revendu au même moment. Mais bon. En fait, c’est le débarras de cancer qui fait le plus tousser Ouest-France : « Pour nos lecteurs cancéreux, la maîtrise de la formulation est malencontreuse. L’humour n’est pas forcément bien perçu », confirme Paul Goupil qui gère l’éthique de ces insertions dûment tarifées. La mort, c’est du sérieux. Patrick Guilloton que Paul Goupil a trouvé « fort désagréable », a refusé de réécrire ce texte décidé avec son paternel. Le défunt a donc été renvoyé à son destin de poussière sans aviser personne. Condamné à garder son cancer après sa mort.
* Vendée-Matin a passé cette insertion sans sourciller.