Histoire sans intérêt
Christian R., Nantais de 37 balais, la vie en vrac qui craque de partout, vit sous tutelle de l’Udaf*. Il touche une pension Cotorep de 3 637 francs par mois, mais n’a pas le droit d’y toucher. C’est l’Udaf qui gère sa fortune. C’est-à-dire qui paye son loyer et lui permet de retirer quatre cents francs par semaine à la Poste, deux cents francs le mardi et deux cents francs le vendredi. Coup de bol, Christian n’a pas de gros besoins. Le 31 août, Christian s’est retrouvé expulsé de chez lui, sans préavis. De chez lui, c’est-à-dire d’une chambre de 8 m² à l’hôtel Le Meuris, un taudis où il n’a pas même la place de déplier un vilain canapé, où se baladent toutes sortes de tuyaux, où les fils électriques pendent, où les sanitaires sont ailleurs. Loyer : 1 550 francs par mois, réglé sans sourciller par l’Udaf au marchand de sommeil. Prévenue de l’expulsion, l’Udaf s’en bat les couilles. Elle propose à Christian d’aller se geler les siennes plus loin, dans la rue par exemple, en attendant qu’une place se libère dans quinze jours au foyer Sonacotra. Quand bien même Christian dispose de plus de vingt mille balles sur son compte bloqué. La rue, Christian connaît. On peut le croiser certains dimanches devant l’église de Vertou où parfois non loin de son hôtel, en train de faire les poubelles du Comod. Mais cette fois-ci, Christian ne veut plus y retourner, même pour deux semaines. Il en a soupé des charmes nocturnes de la ville et voudrait dîner au chaud. Et pourquoi pas dans un vrai lit, tant qu’il y est ? Ces gens sont d’une exigence…
* Union départementale des associations familiales.