La tendance est au Blaise en ville
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C’était dans le supplément « mode » du Monde du 4 octobre. La photo sur une demi-page est un grand moment d’émotion pipole, un genre de statuaire post communiste à la sauce bobo, les muscles prolétariens en moins. Trois héros de la révolution culturelle posent devant les fresques du temple sacré. Le timonier Jean Blaise, directeur du Lieu unique, arbore l’allure lasse de celui qui se demande s’il ne va pas faire un flou artistique sur le cliché s’il change de jambe d’appui pour se gratter l’autre fesse. Le garde rouge Patrice Joly de Zoo Galerie a l’air sérieux comme une figure de proue qui se ferait tartir à cent sous de l’heure. Et le commissaire politique Robert Fleck, le directeur de l’école des Beaux-Arts, attend qu’on lui dise d’arrêter de faire semblant de lire pour bazarder le catalogue qu’on lui a dit de tenir. Le summum, c’est la légende : Jean Blaise arbore, nous dit-on, « veste et pantalon de laine, le tout Prada, écharpe en soie Ralph Lauren “Purple Label”», Patrice Joly est en « bottes de daim Hermès et pantalon de moto surpiqué en coton enduit Martine Sitbon », et Robert Fleck en « peignoir en soie, chemise de smoking en coton Ralph Lauren et mocassins brodés de velours ».
L’élégance du trio a la subtilité de ne pas dissimuler cet air compassé de ceux à qui on ne la fait plus. On apprend dans l’article que Patrice Joly est « très remonté contre la dispendieuse culture paillettes » qu’incarne, selon lui, le Lieu unique. Pas facile d’être top model amateur et rebelle mondain.