Fric-flaque à Pornichet
Boudu !
Pleine comme un œuf, la station balnéaire s’agrandit sur des prairies humides régulièrement noyées sous les eaux.
Les plans d’un magnifique centre culturel ont été présentés en octobre à la population de Pornichet, riante petite cité balnéaire de Loire-Inférieure. Les habitants de la commune ont pu à loisir consulter le très sérieux dossier d’enquête publique expliquant le projet et noter leurs remarques sur un joli cahier. La Commission des sites, une commission composée de tas de gens importants, a dans le même temps donné un avis favorable à la construction de ce centre, inséré dans un bel ensemble paysager en bordure de l’hippodrome. Nul doute que le commissaire-enquêteur prononcera lui aussi un avis favorable au projet. Cela conforterait les plans de la mairie, qui a ensuite prévu de construire sur cette même zone, un centre commercial et des immeubles de bureaux. La municipalité vient de réviser le PLU (plan local d’urbanisme) dans ce sens.
Seul petit souci : les terrains sur lesquels sont projetés toutes ces belles constructions ont régulièrement les pieds dans l’eau, voire les genoux, puisque, comme le note sans rire le Bureau des sites de la préfecture : « Cette zone constitue, en raison de sa faible altitude et de la nature peu perméable du sol, un réceptacle du vaste bassin versant de La Baule-Pornichet (1500 ha)» . C’est ainsi que l’ensemble du secteur s’est retrouvé complètement noyé sous les eaux en octobre 1999, événement qui a été reconnu « catastrophe naturelle » par les pouvoirs publics. Peu importe pour les élus, notamment pour l’adjoint à l’aménagement, Jean-Luc Descombes, constructeur de pavillons dans le civil, puisque la mairie a prévu une série de mesures compensatoires, en particulier un vaste bassin de rétention et des pompes pour rejeter les surplus aqueux à la mer.
« C’est insensé, les mesures prévues pour que les inondations de 1999 ne se reproduisent pas servent maintenant de prétexte à la mairie pour construire sur toute la zone », hurlent les associations de protection de l’environnement, regroupées en collectif, et qui tentent de prévenir les dégâts d’une telle urbanisation. L’association Pornichet Patrimoine environnement s’interroge ouvertement sur les raisons d’implanter des équipements publics en zone inondable, alors que l’on continue à tapisser les collines de pavillons sur des parcelles de 300 mètres carrés. Les écolos ont bien tenté d’alerter la préfecture. Sans succès. Décrétant que « le projet d’ouverture à l’urbanisation ne se trouve pas couvert par un plan de prévention des risques », les services du préfet s’en lavent allègrement les mains. Plus fort, l’administration précise qu’un plan des préventions des risques n’est pas envisageable sur la zone parce qu’il faut « une crue générée par un cours d’eau conséquent précis et la présence d’enjeux importants en matière d’habitat ou d’activités ».
Si on comprend bien la logique, on fera donc un plan de prévention des risques quand tout sera construit et… inondé.