Les antichauves se tombent sur le poil

Publié par lalettrealulu le

Veni, vidi, calvitie

Du rififi chez les greffeurs de cheveux. Entre partisans de techniques rivales, c’est à scalpels tirés.

Son établissement de greffes de cheveux n’ayant pas d’agrément officiel, Loïc Lefranc, le gérant de la « Clinique esthétique capillaire », bd Guist’hau à Nantes, est accusé d’exercice illégal du mot clinique. Sous mandat du Syndicat national de médecins esthétiques*, un concurrent nantais, le Dr Pierre Poirier a mené les anaques en por­tant plainte contre les toubibs exer­çant dans la clinique**. Lefranc riposte en balançant celui qui l’a balancé, et produit des arrestations de trois coiffeurs avouant s’être fait graisser la patte par le Dr Poirier pour rabattre des clients. Pratique commerciale strictement interdite pour un toubib digne de ce nom. Les backchichs ? Des bouteilles de champ”. « Des milliers depuis une vingtaine d’années », avance Lefranc sans pouvoir prouver cette estima­tion. « Des bobards ! Je n’ai jamais tripoté avec les coiffeurs ! Il n’y a pas eu de démarchage ni de ris­tourne de mon côté. juste, dans le passé, un geste de courtoisie au pre­mier de l’an”, rétorque le Dr Poirier.

Des patients attestent aussi par écrit que consultations et examens sanguins ont été remboursés par la Sécu. Arrêts de travail, prescriptions de pharmacie, actes chirurgicaux sont actuellement épluchés par la caisse primaire d’assurance maladie et le Dr Poirier devrait avoir quelques ennuis pour des rembour­sements indus de soins de confort. Loïc Lefranc relève aussi qu’un membre des instances nationales du syndicat des médecins esthétiques, le docteur Jean Tréguer travaille à la thalasso Thalgo La Baule avec son frère Yves, éminent cardiologue fournisseur officiel des soins de la famille princière de Monaco. Oubliant qu’il opère dans un institut 100 % commercial, le Dr Jean Tréguer a appuyé la plainte contre des confrères exerçant dans la structure tout aussi commerciale de Loïc Lefranc. Le presqu’hôpital se moque de la presque charité.

*qualifiés de « spécialistes autoproclamés » par un article d’Impact Médecin du 12 juin 1997 notant que la Direction générale de la Santé a requis l’avis de l’Académie de méde­cine qui « récuse formellement le terme de médecine esthétique ».
** « Le médecin repoileur ne crâne plus », Lulu 11°14.