Le syndicat phœnix
Mage de marque
Intitulé « Nos valeurs en tête de gondole », le dernier tract de la CFDT des journalistes n’a pas fait se gondoler le patron de Ouest-France. Visé : un vrai-faux journal tabloïd, supplément de huit pages du quotidien qui n’est qu’un publireportage masqué : le logo d’O‑F y jouxte le label commercial « produit en Bretagne » regroupant 93 producteurs*, des pulls marins à la grande distribution, des crèpes Ker Machin au pâté Trukmuc’h. Mélange des genres, 35% d’info, 65% de gras de porc. « La pub, c’est la pub. L’info, c’est l’info. Mélanger les deux, c’est vendre de l’info frelatée. C’est scier la branche de la crédibilité des journalistes et des médias sur laquelle Ouest-France a oublié qu’il est assis », écrit le syndicat. Ce tabloïd prévoit trois ou quatre numéros par an. Les articles ont l’air objectif ; effectués par la rédaction, ils servent la soupe au groupement d’entreprises. De quoi hurler à l’embrouille, et à l’abus des lecteurs, aucune mention « publicité » ne figurant nulle part. Ce coup de gueule de la CFDT des journalistes relance la section qui s’était fait hara-kiri il y a deux ans, écœurée de jouer les potiches dans les discussions avec le patron. Les potiches se rebiffent.