La bûche est coupable

Publié par lalettrealulu le

Deubeuliou

Fable de Noël. À la maison d’arrêt de Nantes, Patrice C. est un détenu sans histoire. Affecté aux cuisines, il s’acquitte de ses tâches sans le moindre problème. Jusqu’au 25 décembre dernier, où il commet un crime affreux, un couteau à la main. La morale est sauve car les surveillants font bien leur métier, ils surveillent. Et le prennent en flagrant délit. Le rapport d’un maton avisé prépare l’expédition au mitard du dangereux contrevenant. « J’ai dit au détenu que le 25 décembre à midi, il fallait qu’il coupe les bûches en 10 parts (40 bûches en stock). Mercredi après midi étant de service, je regarde dans les frigos et je vois qu’il reste dix bûches entières alors qu’il devait en rester 2. Je lui ai demandé en combien il les avait coupées, il m’a répondu en 12 voire 13 parts et plus sans doute. Je lui ai fait remarquer qu’avec lui, j’avais l’impression de parler dans le vide. Nous avons souvent passé l’éponge sur des erreurs de comptage, mais aujourd’hui, cela devient intolérable », relate le « compte rendu de l’incident » fait par le maton qui n’est pas à prendre avec du pain sec. Le dangereux coupeur de bûches a été traduit devant un conseil de discipline, avec toutes ses affaires prêtes pour aller moisir illico au mitard. Et quand même un avocat. La nomenclature des fautes graves commises par les taulards ne prévoyant rien à la rubrique « bûche de Noël », il a fallu trouver comment qualifier ce méfait. Les surveillants ont de la ressource. Ils ont trouvé une faute disciplinaire du troisième degré, « l’entrave à une activité culturelle ». Heureusement, la commission disciplinaire, qui sait que le ridicule ne tue pas et qu’on ne peut donc envoyer personne aux assises pour ça, n’a pas pu donner suite à la demande de sanction. Les surveillants se sont promis de bûcher leur règlement.