La vieille baguette de l’orchestre
Classe affaires
Le nouveau chef de L’Orchestre national des Pays de la Loire a un problème. Il est hors d’âge. À 67 ans, il ne peut être rémunéré mensuellement par une structure de droit public. Ce serait illégal, passé la date de péremption. Les dirigeants de l’orchestre se sont creusés les méninges pour trouver la parade : le retraité Isaac Karabtchevsky sera payé comme un chef invité. Ce qui en fait un genre d’intermittent à temps plein. Avec une paye double, répartie entre l’ONPL et la nouvelle structure Angers Nantes Opéra. Minimum 152 000 euros pour l’orchestre, et 93 000 euros pour dix semaines à disposition de l’Opéra. Soit une base de 20 000 euros par mois minimum, sans compter des indemnités de frais de séjour. Pas mal pour une retraite dorée*. Et s’il dirige plus de trente concerts dans l’année, et plus de huit représentations d’opéra, il touche un bonus à chaque fois. Un concert de rab à l’ONPL lui rapporte 5000 euros, 8500 euros à l’Opéra. Tous ces chiffres sont qualifiés de « raisonnables, dans une moyenne basse, comparés aux autres chefs », d’orchestres similaires en France, dit-on à l’ONPL. M. Karabtchevsky, paraît-il, n’aime pas beaucoup le décalage horaire. Il garde néanmoins une résidence au Brésil, et a quand même fait rajouter à ses contrats des remboursements de billets d’avion, en classe affaires s’il vous plaît, payés par l’Opéra et l’ONPL. Rien que l’Opéra en paye deux par an. Un bonus en l’air.
Comparé au tarif des émoluments d’un préfet après trente ans de carrière, c’est presque quatre fois plus. Si on prend perfidement le Rmi comme unité de mesure, le chef retraité palpera près de six cents fois le Rmi. De quoi insérer un chef sur le déclin dans une partition sociale pas trop inconfortable.
* Tout ça à partir de septembre 2004. Mais avant, il dirigera trois concerts, comme chef invité.