Les brèves

Publié par lalettrealulu le

Le Guin s’barre

Le plan d’épargne municipal int

Lors des âpres discussions avec les intermittents souhaitant l’annulation des Rendez-vous de l’Erdre, Yannick Guin, qui fut jadis historien du mouvement ouvrier nantais, a vu du rouge partout. Un complot ourdi par l’extrême-gauche, des gens manipulés, des sous-marins. Une vraie parano contre la révolution intermittente. Il a ensuite été très inquiet pour sa reprise de sa saison de son opéra. Son Lohengrin, il y tenait plus que tout. Curieux de voir un universitaire spécialiste des luttes prolétariennes défendre avec tant de conviction un art somme toute assez bourgeois. Aujourd’hui, il s’alarme pour Tissé Métisse, festival prévu en fin d’année par l’association des comités d’entreprise ACENER, très teintée CFDT. Un syndicat qui n’a pas très grosse cote, chez les intermittents, depuis une certaine signature d’accord. Entre-temps, Yannick Guin et le conseil d’administration du Lieu Unique ont tenté de resserrer les boulons, reprendre le pouvoir sur un directeur et des salariés capables de se passer de l’avis de leur tutelle pour voter le gel du début de saison. Sans réussir à voter une motion de défiance. Qu’est ce que c’est cette société du spectacle où le conseil d’administration n’a que le pouvoir de faire les gros yeux ?


Panier à salades

Des vigiles bio, vite !

En pré-campagne pour les municipales nantaises, François Pinte fustige en juin dernier l’insécurité au Bouffay, réclamant une surveillance vidéo et des vigiles auprès de chaque magasin pour faire reculer la racaille et la canaille vers d’autres trottoirs. Quelques mois plus tard, sans gardes du corps ni caméras, on a trouvé une solution qui a l’air de plaire aux cafetiers du Bouffay, tout sourire depuis la mise en place d’un marché de produits bio : « Depuis que le marché a rouvert, le calme est revenu en partie dans le quartier ; avant il y avait des zonards. Ce grand espace vide était devenu le lieu de réunion des dealers de drogue. C’est nettement plus agréable de travailler maintenant », relate Ouest-France. Sarko, prends-en de la graine : ce qu’il faut c’est des bruits de bottes de radis bio à tous les coins de rue.


Sarkozette

Une vraie femme d’Intérieur

Un G5 des ministres de l’intérieur européens a sécurisé La Baule les 19 et 20 octobre, au Centre des Congrès Atlantia. Sarkozy y a discuté avec ses homologues allemand, britannique, italien et espagnol. Le 16 septembre, une délégation d’officiels a discrètement repéré le terrain. Surprise : ce n’est pas Nicolas Sarkozy, ni son chef de cabinet, ni un chef de protocole, qui mène préfet, policiers et services de sécurité pour préparer sur place le programme du sommet, les itinéraires, les impératifs de sécurité renforcée. La première approche de terrain était menée par l’épouse de Sarkozy, Cécilia en personne. Une moitié de ministre, ça fait un peu mesquin, non ? En plus elle n’a même pas eu le temps de visiter les villas à vendre, son énervé d’époux cherchant toujours à acheter une villégiature dans la presqu’île.


Faux jeton de présence

Maréchal tire au Flanc National

Samuel Maréchal, Monsieur Gendre comme on dit au FN, est à la tête du groupe frontiste au Conseil régional. Il tente de rempiler en se représentant aux prochaines régionales, avant de faire le coup aux européennes en juin. Ses petits frères ennemis du MNR ont perfidement relevé que sur 55 dernières réunions de la commission permanente – l’exécutif du Conseil régional – dont il est membre depuis 1998, Samuel n’a été présent que huit fois. Face à ces basses attaques sur son présentéisme minimum, le mari de la fille de Le Pen aura-t-il la présence d’esprit de répondre ?


Rejeton

Le Puy du four

Le fiston du Vicomte, Nicolas de Villiers, est vu au Puy du Fou comme un stagiaire très privilégié. On le dit en formation pour devenir PDG. Pour se faire les dents, on lui a laissé un os à ronger, la mise en scène du « bal des fantômes » au Fort de l’An Mil. Las ! Une vraie catastrophe, pas la moindre petite idée de mise en scène. Avant l’ouverture de la saison, ce bout de spectacle est présenté en privé aux seuls Puyfolais : pas un bravo ne fuse. C’est papa, gêné, qui a dû lancer les applaudissements… Ici, il y a des coutumes. Quand quelqu’un rate son truc, on dit qu’il est en « formation ». Va falloir un RGM (rejeton génétiquement modifié) pour assurer la relève.


Une deux

Les paras s’défilent

De Villiers perd 3500 figurants en costumes. Grosses manœuvres militaires en Vendée : 3500 paras mobilisés fin octobre. Philippe de Villiers s’est frotté les mains en imaginant une prise d’armes de ces troufions d’élite. Où ça ? Au Puy du Fou, pardi. Seulement voilà : depuis 1999, l’association du Puy du Fou a racheté les 41 hectares au Conseil général de Vendée. Aucune raison que les bidasses présentent les armes à un président d’association sur son terrain. Les petits camarades de l’UMP vendéenne n’ont pas supporté cette tentative de privatisation de l’armée française et l’ont fait savoir en haut lieu. Michèle Alliot-Marie n’a pas marché. De Villiers a toujours des problèmes avec les armées de la République.


De vilenie

Un vicomte que purin n’ébranle

Florilège de petites phrases : « Demain, les journalistes, c’est la lance à purin qu’on leur enverra à la gueule », « J’ai un profond mépris pour ce métier », « La presse est un organe de destruction », « Ouest-France et Vendée-matin sont des destructeurs de l’identité vendéenne ». Ces propos peu amènes ont été proférés devant des officiels et des journalistes par Philippe de Villiers le 21 juillet, à l’inauguration d’une boulangerie à Bois-de-Cené et le 22 au Puy du Fou, lors de la manif des intermittents. 24 journalistes travaillant en Vendée ont protesté dans une lettre ouverte demandant des excuses écrites. Résultat : nada. S’il a reconnu avoir exagéré, de Villiers a depuis nié en bloc au rédac chef d’Ouest-France venu le rencontrer sur ce sujet en septembre. Le Vicomte n’aurait jamais ainsi parlé des journalistes, ses propos ne visaient que les intermittents. En résumé, il aurait pas dû le dire si fort et en plus il a rien dit.


Moitié de grain

Point de vue images du sable

À La Baule, le concours de châteaux de sable est une affaire de femmes de. Le 18 août, le très chic jury de la finale des Mini-derbys est présidé par la bourgeoise du maire de La Baule, la moitié du directeur d’Hermès et la conjointe du directeur du palace l’Hermitage, qui jugent les créations de ces chers enfants bâtisseurs. La notation se fait « au coup de cœur », selon la présidente, bien sûr multiplié par les coups et les cœurs des trois moitiés. Une équation implacable qu’aucun grain de sable ne peut gripper.


Opération Trempette du désert

1re classe de mer

Des stylistes camouflés habillent les petits estivants. Quel meilleur moment que les vacances pour inculquer une tenue virile et militaire aux mômes ? La tournée des plages du Centre d’information et de recrutement de l’Armée de terre a fait étape à la Bernerie-en-Retz*. Une quinzaine de jeunes recrues de 8 à 13 ans ont été enrôlés pour l’occasion, déguisés avec des treillis à leur taille, tenue camouflage de rigueur. La brigade enfantine a été initiée au lancer de grenades, – factices, rassure le journal -, et au déminage (le compte-rendu ne fait pas de commentaire), le tout servi avec un peu de vélo et des cadeaux promotionnels couleur camouflage « très à la mode en ce moment », se réjouit l’adjudant-chef Thierry Reydellet. Quand on vous dit qu’il leur faudrait une bonne guerre à ces enfants de la patrie. Ni une ni deux, l’été, c’est le moment de faire marcher les gniards au pas.

* L’Éclair, 20 juillet 2003.


Caté stophe

Le bon dieu moulu fin

Usé par des siècles d’«embrigadement ennuyeux et dogmatique », – c’est le très bien pensant Ouest-France* qui le concède -, le catéchisme n’attire plus les jeunes. Le quotidien en tartine un bon quart de page, avec un titre en une, assorti d’une photo couleur. L’Eglise de l’ouest s’inquiète grave. Et pour reconquérir ses ouailles en culottes courtes, lance un plan com. « Fais la pause caté », clame la campagne de promotion. Coût : 40 000 euros d’affiches et cartes postales. Avec cette pause au pied de la machine à caté, attention aux effets induits, palpitations de cœur et tout le tremblement. On peut l’avoir en décatéïné ?

* Ouest-France, 27 août 2003.


Moins que lien

Bondage en Chambre

Le site internet de la chambre régionale de commerce des Pays de la Loire fait des efforts désespérés pour se relier aux autres, en multipliant les liens vers d’autres sites. Un récent audit* les a dénombrés : 3 300 liens partent du site de la CRCI, qui n’a pas l’air de brancher grand monde. Seuls huit liens convergent vers le site de la Chambre de commerce. C’est bien connu : un lien vaut mieux que deux tu l’auras.

* Audit sur l’internet public en Pays de la Loire, rendu en avril 2003 pour la Région et la préfecture par un cabinet privé.


Plus jamais ça ! 

Funeste respect de priorité

Amis paranos, bonjour. Les chiffres de la délinquance du premier semestre 2003 sont remontés sur la fin. Commentaire très officiel du préfet : « L’évolution moins favorable constatée en juin s’explique notamment par la priorité donnée par la Police au maintien de l’ordre public du fait de nombreuses manifestations. » Chaque fois qu’une banderole est empoignée par un intermittent, un enseignant ou un futur retraité, l’ordre national risque de vaciller, c’est bien connu. CQFD. Ce potentiel de dangerosité menaçante mobilise donc les forces de l’ordre. Et pendant ce temps-là dans l’ombre, schniark, schniark, la canaille en profite et plombe sournoisement les statistiques de la délinquance. Il est grand temps de criminaliser à la source les vrais fauteurs de trouble : les sales grévistes, vils manifestants et autres rebelles à leur bonheur imposé qui occupent nos braves policiers et dispersent la chorégraphie magnifique des matraques préventives.


Bombe textuelle

Panier à salace

C’est un attentat à la bombe. À lire Ouest-France*, on apprend que « le camion blanc circulait depuis quelques jours à Nantes avec un gros tag sur son flanc gauche ». Et il dit quoi, ce tag ? « Trois mots orduriers qui ont le don d’irriter les policiers ». On n’en saura pas plus. Cette devinette en trois mots est insupportablement suggestive. Comme si le pudibond premier quotidien de France préférait l’érotisme à la pornographie. Le monde des lettres se perd en conjectures, le milieu des carrossiers aussi. Pourtant exposée dans la rue, la littérature en bombe entre en clandestinité. Pour savoir pourquoi la justice a contraint le conducteur à repeindre son camion sous deux jours, il fallait acheter Presse-Océan du même jour qui, plus informatif, cite le texte intégral de l’outrage : « Suce la police ». Trois mots ? Orduriers ? La police serait donc un terme injurieux. Et comment l’entité collective policière pourrait-elle s’offusquer d’une quelconque succion appliquée verbalement ? Décidément, ces susceptibles forces de l’ordre font une allergie à la poésie urbaine, si utile pourtant pour désennuyer les existences ternes des passants et le paysage défilant des automobilistes.

* Le 6 septembre 2003.


Ouest-France : l’aplomb dans la tête

« Il n’y aura pas la moindre émission de télévision avant au moins deux ans », a affirmé catégoriquement Francis Teitgen, le numéro 2 de la maison Ouest-France, interpellé par les syndicats au dernier comité d’entreprise en octobre. Il a commenté l’échec de sa candidature associée à TV Breizh avec un aplomb proche du saturnisme en lâchant que de toute façon, « Une télé locale, dans le contexte actuel, ne peut être rentable ». Valait donc mieux pas être embarqué dans un tel gouffre financier. L’échec, nouvelle stratégie de sauvegarde du groupe Ouest-France.


Remue-manèges

L’opposition tourne cours

Les riverains du quartier de la cathédrale et des cours Saint-Pierre et Saint-André sont colère. Ces dignes occupants de la « Terre sainte », ce quartier nantais à particules, se sentent en voie de favelisation. Et tout ça, c’est la faute à la mairie, cette vilaine. Faut dire que la présidente, Claire Fresson, est conseillère municipale d’opposition, tendance CNI. Mais faut les comprendre, ces braves proprios : de leurs appartements lambrissés, la vue est insupportable sur les cours : « C’est totalement abandonné, c’est sale et la présence de la foire n’arrange rien ». La foire ? Vous savez bien, ce divertissement plébéien, proposé dix semaines par an au printemps et à l’automne par des forains, ces commerçants sans domicile fixe vivant en caravanes. A en croire les plaignants, leurs cours se sont mués en cours des Miracles. Et qui fréquente ces manèges et ces attractions ? Des gens très ordinaires, ma chère, sans doute pas assez courageux ou assez probes pour s’engager comme domestiques. Des gens qui sentent la frite et le smic. Mais du haut de leurs balcons, les riverains courroucés ont une idée : « Libérer le cours de toute foire et le transformer en promenades et allées cavalières avec pelouses ». Les garden parties y alterneraient avec les chasses à courre. Pourvu que le choc du crottin des chevaux sur le sol et le fracas des bulles de champagne n’empêchent personne de dormir.

* L’Éclair, et ** Ouest-France, le 4 octobre 2003.