Personne n’en parle
Canal Moins
Hardis sont les pionniers de la télé du coin de la rue. Émissions à partir de trop bientôt à Nantes.
Dans peu de temps, le temps sera partagé et rempli de mi-temps. Le 15 juillet dernier, le CSA a décidé de diviser la future fréquence nantaise entre la petite équipe Télénantes et l’empire Hersant, la Socpresse qui a baptisé son projet TV Nantes Atlantique. Le dossier de TV Breizh appuyé par TF1 et Ouest-France s’est fait rétamer. Que Baudis, président du CSA ait été trois ans à la tête du comité éditorial du Figaro n’a été remarqué que par les mauvais esprits.
Des buts dans la lucarne
Donc la Socpresse, propriétaire du FCN, a chopé le jackpot, et fera une télé très axée foot. Le tour de table l’a associée au Télégramme, aux Mutuelles de Loire-Atlantique, à La Caisse d’Epargne et au groupe d’intérim Synergie mené par Daniel Augereau. TV Nantes Atlantique table sur une équipe de 36 personnes dont 21 journalistes, un budget de près de 3 millions d’euros par an, un capital de 2,3 millions d’euros chargé d’éponger les pertes pendant quatre ans, à quoi s’ajoutent 1,5 millions d’euros d’investissements. Yves de Chaisemartin espère glaner 5 à 6 millions d’euros de pub extralocale et jusqu’à 600 000 euros versés par le FCN. Télénantes aura donc ses cinq heures par jour pour causer dans le poste d’autre chose que des Canaris et des derniers buts dans la lucarne. Les tutelles ? Le Département, la Région et la mairie de Nantes qui vont financer à hauteur de 1,4 millions d’euros* par an : un budget qui prévoit de louer le matériel et ne tient pas compte des investissements requis pour les locaux et studios.
Urgences version nantaise
Premier hic : les deux télés en temps partagé courent après le temps. On a d’abord parlé de se démener pour démarrer l’antenne en juin 2004, convaincu que des dérogations retarderaient le lancement jusqu’en septembre. Il faut en fait commencer à émettre dès mars ! Prévu par les règlements du CSA, évoqué régulièrement dès avant le dépôt des dossiers de candidatures en 2002, ce délai impératif de huit mois après l’attribution de la fréquence sera très surveillé : furieux d’avoir été évincé avec sa proposition TV Breizh Ouest-France, Patrick Le Lay fulmine, et lancera tous les recours juridiques possibles.
D’ici mars, Télénantes qui vient à peine de boucler ses statuts doit recruter une équipe et son meneur, si possible expérimenté à la tête d’une télé, déterminer les programmes, affiner une ligne éditoriale et bricoler dans des locaux de fortune. Et l’ambiance entre fondateurs s’est un brin tendue. Il est carrément improbable d’avoir aussi le temps de mener un projet architectural, où devra être conçu et équipé un studio moderne, avec câblage, studio de montage ad hoc, plateau pour recevoir les invités et locaux de rédaction. Sans parler de l’appel d’offre pour acquérir les machines à café. Une idée : aller chercher des intérimaires. Synergie, partenaire de la télé Socpresse, se fera un plaisir d’en fournir sur un plateau.
* Communauté urbaine et Mairie de Nantes : 800 000 euros ; Département : 300 000 euros ; Région : 300 000 euros. Budget renouvelable sur 3 ans, selon l’engagement pris par les collectivités.
Le pluralisme straponté
La petite Télénantes n’est en fait associative que sur le papier et pas vraiment ouverte au monde associatif. Exemple : l’association de consommateurs critiques de télé, les Pieds dans le Paf, dont le président national, Denis Rougé, est nazairien, a voulu être associée au projet : elle ne s’est vue proposer (et encore, par raccroc, après défection d’un de ses membres) qu’un strapontin au sein du « Comité pour le respect du pluralisme », instance purement consultative tenue strictement à la confidentialité sur tout ce qu’elle pourrait apprendre en interne à Télénantes. Son seul rôle : regarder la télé et rendre un rapport annuel. Eventuellement, elle peut même pondre une brave lettre de désaccord aux membres fondateurs. Le « Comité pour le respect du pluralisme » est en fait une instance pour du beurre chargée de veiller à ce que le ralisme le soit de plus en plus.