Nantes pride Jules en Verne et contre tout
Jules commence à nous courir sur le haricot. On l’a fait naître à Nantes, soigneusement, en espérant beaucoup des retombées de ses premiers vagissements pour asseoir le prestige de la Ville. Mais voilà, cet ingrat a fui, retraité à Amiens où il clabote en 1905. Avec un mépris pour la postérité qui l’a fait torcher ce sonnet en hommage à sa cité natale :
“Un quartier neuf et présentable.
Entre bon nombre de hideux.
Des sots bâtissant sur le sable
En affaire peu scrupuleux ;
De science, un peuple incapable
À son endroit toujours crasseux
Quelques milliers de cerveaux creux
D’une bêtise indécrottable
De riz, de sucre un peuple marchand
Sachant bien compter son argent
Qui le jour, la nuit le tourmente ;
Le sexe en général fort laid
Un clergé nul, un sot préfet
Pas de fontaines : c’est à Nantes”*
Un vrai réquisitoire : une ville mochedingue, des Nantais pingres conjuguant bétise crasse et sens de l’embrouille, à peine rachetés par la nullité des curés et du préfet. L’écrivain dit d’anticipation a donc utilisé son dégoût pour Nantes pour embêter par anticipation, la belle entreprise de communication de sa Ville. Cette prodigieuse obstination à contre-carrer la propagande actuelle de Nantes a ainsi vu l’un des plus éminents spécialistes et collectionneur vernien, Piero Gondolo della Riva, vendre à Amiens et non à Nantes sa collection de 30 000 pièces, amassée pendant 40 ans : des livres dans toutes les langues, jeux de l’oie et de cartes, jouets, chromos, assiettes, puzzles… Autant de gadgets du passé qu’on aura pas à entasser dans le petit musée Jules Verne nantais.
* Déjà cité par Lulu n°18 – 19 en 1998, mais un tel travail de sape de la com, on ne s‘en lasse pas.