Le forum des droits de la com
Droidlom city
Du discours mange pas de pain, rien que du bon gâteau pour l’image.
Pas peu fier de son forum des droits de l’homme, le maire. L’Unesco a eu pour capitale Nantes du 16 au 19 mai. Cette foire aux belles paroles des bien pensants, cuisinées à la nantaise. Un brin incantatoire, mais sympa. Exemple : “La torture doit être interdite”, ou alors “Le monde des affaires doit aussi rendre des comptes” (Bertrand Ramcharan, haut commissaire aux droits de l’Homme à l’ONU), “Il nous faut demander ici, comment cette mondialisation peut être équitable” (Karl Tapiola, directeur exécutif du secteur des normes, principes et droits fondamentaux à l’Organisation internationale du travail). Certains des organisateurs ont même des doutes sur ce type de sommet : “J’ai trop vu, lors de ce genre de réunion, le travail s’achever quand on a fini de poser les virgules”, soupire Jean Favier, président de la commission nationale française de l’Unesco.
Le maire de Nantes, lui, a bien compris l’intérêt de ces armes de construction massive d’un discours : “Jean-Marc Ayrault souhaite donner une conscience à sa ville. Et il la veut élevée, qui porte sens*.” Partout, il martèle que Nantes est la ville rêvée pour ce forum puisqu’on a déjà su y organiser la Coupe du Monde de foot. Si si, il a dit ça. Sinon, il y a aussi l’Édit de Nantes qui labellise Nantes cité de la tolérance depuis des siècles. Ayrault a déjà fait le coup de bluff historique** en 1998. On oubliera vite que Nantes, à l’époque de l’Édit d’Henri IV est tout sauf une ville tolérante, au contraire entre les mains des sbires du Duc de Guise, genre de milice paramilitaire, les Ligueurs, qui cassent du protestant à qui mieux mieux. “Dans la dynamique actuelle d’inflation des énoncés rhétoriques, les municipalités jouent un rôle essentiel”, analyse Stéphane Cadiou chercheur à l’Institut d’études politiques de Bordeaux en étudiant les cas de Nantes et Bordeaux***.
Ayrault, espèce d’inflaté !
* Ouest-France, le 17 mai 2004.
** Voir Lulu n°10, avril 1997.
*** Pouvoirs locaux n°60, janvier 2004.