Une seconde, TF1 se sucre

Publié par lalettrealulu le

Chaîne de l’amitié

La seconde est l’unité de temps égale à 1/86184 de jour sidéral définie à partir de la période de radiation du césium 133. Mais c’est aussi l’unité de dérive des subventions du Conseil général de Vendée vers l’océan de TF1.

La Vendée aime TF1. Et bien sûr, quand on aime, on ne va pas tout gâcher à compter. La chambre régionale des comptes, qui ne comprend rien à l’amour, a farfouillé dans la paperasse du comité départemental du Tourisme, découvrant qu’en 1996, le Département de Villiers a usé d’un biais détourné pour financer ses campagnes de pub sur les écrans de Télé Bouygues. Une subvention distillée au CDT n’a servi qu’à payer trois secondes de logo vendéen à l’écran diffusées à chaque point-course hebdo du Vendée Globe Challenge. Soit pour une vingtaine de passages, la bagatelle de 2 660 436 F ! On a beau dire que les passages télés coûtent cher et le parrainage encore plus, 2,6 MF, ça fait quand même plus de 40 000 F la seconde, c’est à dire, selon l’heure et le genre d’émission, deux à cinq fois plus que les barèmes en vigueur. S’agissant de hardis navigateurs partis contourner les pingouins de l’Antarctique en slalomant entre les glaçons flottants, la promotion touristique des splendeurs de la Vendée terre de contrastes semble un peu loin. « Les contraintes imposées par TF1 excluaient toute possibilité de déclinaison de nature touristique à l’écran » note la chambre des comptes. Pour faire semblant de respecter les formes légales du choix de TF1, une réunion de la commission d’appel d’offres a considéré que seul TF1 peut répondre à la demande. Délibération bidon : quinze jours plus tôt, la chaîne avait reçu une lettre d’engagement du CDT confirmant l’intention ferme d’acheter des insertions pub sur la première chaîne. Le recours à un article du code des marchés pour choisir délibérément TF1, seule chaîne jugée capable de répondre à la demande, ne tient pas : sur France 3, à la même époque, Thalassa réalisait aussi un point-course.

Simple coïncidence fortuitement hasardeuse, ce contrat en or est signé avec TF1 moins de deux mois après la première finale Intervilles du Puy du Fou, et donc huit mois avant la nouvelle participation de l’été 1997 rendue célèbre par les jeux de main de l’animateur Olivier Chiabodo. Mais attention, deux ou trois petits doigts chuchotent qu’il n’y a aucun rapport. Sauf celui de la chambre des comptes.