L’œuvre d’art victime des précipitations
Pied à bis
Plus de trois mois que les restes d’une œuvre d’art évaluée à plus de 76 000 euros pourrissent à l’air libre sous le hall d’un immeuble du quartier Bellevue. Installation de l’artiste anglo-germanique Rut Blees Luxemburg qui jouit d’une réputation solide sur la scène internationale, Pied à terre lumière est une commande publique de la communauté urbaine de Nantes, liée au prolongement de la ligne 1 du tram. La Semitan, le commanditaire direct, pensait mettre du baume au cœur des riverains gênés par les travaux. Une série incroyable d’imprévus a mis à mal l’installation. Composée d’un caisson lumineux mettant en valeur une photographie grand format de la Loire, cette œuvre d’art n’est pas prête à être inaugurée. Ravagée par des infiltrations d’eau, Pied à terre lumière a été victime de toutes les précipitations ! On aurait bien voulu inaugurer en grande pompe, et vite, ce cadeau d’art contemporain à Bellevue, montrer que les socialistes ne délaissent pas les cités, surtout après la déroute électorale du 21 avril.
Enseigne 44, une des sociétés chargées des travaux, a cravaché pour livrer le chantier avant Noël 2002. Un beau fiasco. Les joints d’étanchéité entre le sol et l’épaisse plaque de verre ont pété. L’eau de pluie s’est engouffrée et l’image de La Loire s’est fait noyer, proprement liquidée. Fin novembre 2002, la plaque de verre est rayée dans tous les sens et l’artiste montre les premiers signes d’agacement.
Quelques semaines avant, lors des réunions publiques avec les habitants de Bellevue, élus et maître d’œuvre affichaient une belle sérénité et une admiration sans limite pour le projet. On promettait de rénover les murs et les sols autour de l’énorme caisson lumineux, mais on avait oublié le plafond du porche. « On a accumulé les ennuis », concède André Herbreteau, élu aux Transports à la Cun qui se refuse à avancer le moindre chiffre quant au coût de la bavure. Il admet juste qu’il aurait « fallu peut-être tester ces joints un peu plus longtemps et rénover la toiture du porche avant de poser l’œuvre ». Renvoyée à ses joints, Enseigne 44 risque bien d’avoir à payer la note. La Semitan n’en démord pas : « L’entreprise est soumise à des obligations de résultats. Nous ne sommes pas en conflit mais il y aura des négociations », pour savoir qui doit payer ! L’inauguration officielle prévue ce printemps 2003 est remise aux calendes grecques. Une nouvelle réalisation identique a été demandée à l’artiste pour remplacer la première mouture aux trois quarts salopée. Elle n’a qu’à faire une photocopie.