Couëron brûle-t-il ?

Publié par lalettrealulu le

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L’adjudant Toupet manquerait-il d’assurance ? Ce gendarme de Couëron, qui enquête sur l’incendie criminel d’une ferme au hameau de La Moye, ose à peine aller interroger les voisins. Deux mois après la nuit du 13 septembre, au cours de laquelle les bâtiments agricoles du « GAEC des œufs au lait » sont partis en fumée, Toupet n’a pas encore bouclé son enquête préliminaire, et il ne sait pas bien si elle débouchera sur de quelconques poursuites judiciaires.

L’histoire mérite pourtant l’attention de la maréchaussée : le dernier agriculteur d’un hameau de Couëron se fait incendier sa ferme le jour de son mariage. Depuis des années, il est en guerre larvée contre les propriétaires terriens qui entourent son exploitation. Motif : sa ferme rend les terrains voisins inconstructibles et interdit de modifier le plan d’occupation des sols. Détail important : la ferme ne pourrit pas l’environnement puisqu’il s’agit d’une exploitation traditionnelle où la famille Blineau produit du lait et élève des poulets fermiers.

Après des années de menaces et de sabotages mesquins, le 13 septembre, trois foyers sont allumés simultanément dans les bâtiments agricoles, et l’exploitation se volatilise en quelques minutes. Résultat : 840 000 francs de dégâts. La solidarité s’est organisée autour des Blineau, une fête de soutien s’est déroulée le 18 octobre, 30 tonnes de foin lui ont été offertes pour l’hiver. Mais l’enquête piétine. Un témoin capital qui passait dans le coin ce soir-là et affirme avoir vu des rôdeurs pas très catholiques n’a pas été entendu. Les gendarmes ont sans doute mieux à faire. Ou peut-être ne s’agit-il que d’une question de diplomatie locale pour ménager d’insoupçonnables propriétaires ? Et pour être sûrs qu’ils ne répondent pas, les gendarmes ont trouvé la bonne tactique : ne pas leur poser la question.