Le gendarme à feu à volonté a oublié d’être menacé

Publié par lalettrealulu le

En mars dernier, deux gitans sont abattus par un gendarme lors d’un cambriolage à Machecoul. Drame chez les gens : les gendarmes et les gens du voyage se tirent dessus, mais seuls les premiers étaient armés. Pantalon déchiré, éraflure à la cuisse, le pandore invoque la légitime défense mais aucune arme d’un éventuel agresseur
n’a jamais été retrouvée.

Contre les quatre autres gitans arrêtés le soir même, l’accusation s’est aujourd’hui dégonflée comme une baudruche. « La réplique a été à la hauteur de l’attaque » avait pourtant soutenu publiquement le procureur adjoint au lendemain du drame. La justice n’a pas pu suivre cette version hâtive qui devait mener les gens du voyage aux Assises. Le 22 décembre, les quatre nomades ne comparaîtront qu’en correctionnelle, pour simple « tentative de cambriolage ». Accessoirement, cette réduction de l’accusation première à presque rien donne rétroactivement raison à la grosse colère des familles et des proches des deux gitans restés sur le carreau et de leurs complices arrêtés sur place. Périf et pont de Cheviré bloqués, voitures immobilisées pendant des heures avaient fait dire aux Monique Papon, Édouard Landrain et Pierre Hériaud : « En ces moments pénibles, nous assurons les forces de l’ordre de notre total soutien ». Huit mois après, même la justice n’apporte plus son soutien au gendarme. Reste donc une bavure : le gendarme qui tire les gitans comme des lapins n’avait pas le permis de chasse.

En fait, le recours à la légitime défense n’est même pas utile pour le gendarme baveur. La loi de 1903 sur la gendarmerie, complétée par un décret de 1943, autorise les gendarmes à tirer sans avoir été menacés. Un véritable permis d’exécuter des suspects sans autre forme de procès. Depuis Londres, Amnesty International a interpellé la France en avril 1996 sur les violations des droits de l’homme par les forces de l’ordre, et sur ce texte. « Jacques Toubon nous a répondu que cette législation était caduque. C’est faux, dit David Braham d’Amnesty international à Londres. Il y a actuellement en France plusieurs cas non jugés où la gendarmerie invoque ce décret, oubliant le principe majeur des législations : toute réaction des agents de la force publique doit être en proportion de l’attaque. » Pour les gendarmes, la meilleure légitime défense, c’est l’attaque.