L’OIP casse la cabane
La taule, c’est pas drôle. La nouvelle antenne nantaise de l’Observatoire international des prisons* se charge de nous le rappeler. « Trop souvent encore, c’est un lieu de non-droit », à Nantes comme ailleurs : un détenu aspergé régulièrement de lacrymo avant de passer de force sa camisole chimique, un autre rossé des jours durant dans sa cellule par ses codétenus sans qu’intervienne l’administration pénitentiaire (une plainte « contre x » a été déposée pour non-assistance à personne en péril, mais l’instruction se hâte à reculons…), tel détenu transféré du jour au lendemain de Bretagne à Nantes qui se retrouve isolé de sa famille, n’ayant plus d’autre revenu que les cent-trente balles distribués par le Secours catholique qu’il se fait racketer… Les exemples ne manquent pas.
La maison d’arrêt de Nantes détient environ 400 personnes, pour 260 places dans 110 cellules. Soit quatre détenus par cellule de 9 m², voire sept dans celles de 12 m², ce qui fait la bagatelle d’1,7 m² par « locataire ». Un truc à se cogner dans les coins.
« Le prétoire, « tribunal » interne de la prison, est l’exemple type du non-droit qui règne en prison. C’est l’arbitraire le plus total : le directeur fait office de juge, pas d’avocat, pas de publicité…», rappellent les responsables locaux de l’OIP, « or quel taulard sait qu’un arrêt du Conseil d’État stipule qu’une mise au « mitard » n’est pas du ressort d’un simple réglement intérieur et qu’elle est susceptible d’un recours devant le tribunal administratif ?» Complètement engorgée, la justice trouvera-t-elle le temps de s’inquiéter de ses pensionnaires ?
L’OIP à Nantes : 02 40 60 93 55 ou 02 40 32 92 67.
<I>* Organisation non gouvernementale, l’OIP surveille les conditions de détention et alerte l’opinion sur les manquements aux droits de l’Homme, en s’appuyant sur la loi pour faire appliquer le droit à la dignité des détenus. Site de l’OIP France