Tu bosses, tu perds
Pervers pépette
Pas un cadeau, les petits boulots. Une étude du Compas, cabinet nantais d’évaluation des politiques publiques, a mesuré les effets pervers des dispositifs d’insertion. Quand chômeurs longue durée et Rmistes voient leur maigre revenu global entamé parfois d’un quart en acceptant un temps partiel sur la base du Smic, CES, Contrat emploi ville, contrat emploi consolidé. Absurde mais pragmatique : un simple calcul pousse à refuser ce petit job et rester allocataire des revenus de solidarité. Un travail même précaire implique des frais de transport, de déjeuner à l’extérieur, de garde d’enfants, un quotient familial moins favorable pour les tarifs de cantine scolaire. L’étude a failli ne pas paraître dans la revue de l’Insee Références. Débat avant publication : faut-il prendre le risque que ce constat serve d’argument aux ultra-libéraux comme l’ex ministre RPR Eric Raoult pour « casser la culture du RMI, culture de l’inactivité » et dénoncer l’irresponsabilité de l’État et « des allocataires qui s’installeraient dans une sorte de léthargie indemnisée»* ? Ce qu’il faut au crève-misère, c’est la flexibilité motivante : un mois tu touches pas un rond, le mois suivant c’est toi qui payes pour recevoir des allocs.
* Le Monde du 1er juillet 1995.