Atlanpole tombe sur le cul
Mégabits
Au milieu du bouquet de la modernité, en vitrine à Atlanpole, poussent discrètement les fleurs du mâle.
Dans les entreprises labelisées par Atlanpole, il n’est pas d’usage de jouer du cul pour réussir. Un respectable poulain de l’écurie cache pourtant soigneusement ses saillies dans un des box de ces pionniers de l’innovation hi-tech, ce technopôle nantais qui appuie le développement de jeunes sociétés novatrices, en les faisant bénéficier de ses contacts, de sa respecta-bilité, voire de ses appuis bancaires. Implantée à la Chantrerie, la web agency FL Multimedia est quelque peu mouillée dans des sites pornos. Officiellement, elle crée des sites internet, des serveurs, des liaisons intranet, pour Porsche, l’immobilier baulois, les assurances… Mais la société est aussi plus discrètement éditrice de sites pornos exploités commercialement en direct, et vend aussi des solutions clé en mains pour créer son propre site 100 % sexe. FL Multimedia, où on préfère ne parler pudiquement que d’«adult bizness », a ainsi créé MaisonX.com, « un hébergement gratuit et de qualité pour sites X ». « Nous ne faisons pas de contenu, juste des annuaires, et de l’hébergement, comme France télécom, Free ou Cegetel », plaide Laurent Follézou qui annonce que si ses sociétés se sont implantées là, c’est uniquement parce qu’à l’époque c’était les seules connexions haut débit à Nantes. Qui l’eut cul ?
Atlanpopol.com
Un peu embêté, Atlanpole indique à Lulu qu’avant de référencer à nouveau l’entreprise dans son annuaire, FL Multimedia va être auditée d’urgence, comme Network Consulting, autre entreprise lancée par les mêmes dirigeants il y a trois ans et hébergée à la même adresse. « Network a une image complètement clean. Rien à voir », s’inquiète Laurent Follézou.On ne voit pas vraiment la légitimité du soutien d’Atlanpole pour lancer des sites aux noms aussi poétiques que bonneabaiser.com, petitrou.com, sexeinvasion.com, supplice-domination.com, sexe-18ans.com, defoncerectale.com. Tous ces sites sont détenus par FL communication ou Cap Editions, troisième société fondée par les mêmes associés, Frédéric Niger et Laurent Follézou.
De ce juteux commerce, à la technologie très basique, personne n’était au courant au sein du technopôle nantais appuyé par la Région, le Département, la Communauté urbaine de Nantes, la Ville de Saint-Nazaire, les deux CCI, l’université et tout le toutim du gratin économie et recherche du cru. Une simple recherche internet permet pourtant, avec les outils disponibles, de mettre à jour la traçabilité de ce commerce un peu cru.
Chacun fait ce qu’il veut dans son coin, avec son clavier, sa libido et ses cyberfantasmes, mais que le petit commerce de ces charmes graveleux obtienne un label public risque de décourager les braves entrepreneurs du sexe virtuel qui ne comptent que sur leur propres forces.
Faudrait pas que cette histoire rende Atlanpole ridicule. Car dans ridicule, il y a pas que ridi.