Aux larmes, citoyens
Pleure pas, Bonbonne !
La sécurisation des bronzeurs de juillet à La Baule battait son plein, quand subitement, elle a atteint ses limites. C’était la veille de la fête nationale : la dramaturgie commence par des mots entre estivants. Le différend échappe aux lecteurs de Presse-Océan* qui narre la chose : château de sable piétiné d’un orteil distrait, crème solaire renversée sur une serviette, regard noir perçant des lunettes de soleil ? Nul ne le sait plus. Mais ces mots échangés gâchent les vacances des plus sensibles à l’idée du maintien de l’ordre : ils caftent aussitôt aux CRS de la plage. Le ton monte avec les trois fautifs du trouble, interpellés à leur sortie de l’eau. Vos papiers ? Ils n’ont qu’un maillot en polyamide. Un attroupement se forme, pas franchement hostile aux trois jeunes mis en cause. Les compagnons républicains de sécurité sentent l’insécurité naissante et la république menacée. « Les policiers, rapporte le quotidien, ont alors utilisé des bonbonnes (sic) lacrymogènes pour assurer leur repli », en emmenant le trio appréhendé.
Mais là où l’affaire frôle l’atteinte à la dignité des personnes (les vraies, les vacanciers bien sous tous rapports), c’est que les efforts gazants des forces de l’ordre de plage ont touché d’innocents estivants, et même des enfants. Si la police fait pleurer les mômes, où va-t-on ? Une vingtaine de ces innocents a été examinée par les secours, trois envoyés à l’hosto. Dommages collatéraux. « Non seulement, les poulets criminalisent un mot de travers, mais en plus ils bossent comme des cochons », a déclaré un bigorneau témoin de la scène.
* Le 14 juillet 2003.