Latulululu ?
Hordes en hardes
Ouest-France, le 2 juillet 2003
Du hard-core, un festival, à Rezé, hou la, ça lève forcément des inquiétudes. Ça s’appelle Fury fest, alors pensez… On imagine le danger furioso, les hordes hurlantes de gredins saouls de musique rythmée, peut-être même la barbarie incivile. À en croire, en tous cas, le compte-rendu du journal qui se réjouit : « Le public punk et hard à évolué. Même si les plus durs, cheveux longs ou crânes rasés, exhibent leurs tatouages et leurs piercings, le public, d’un niveau social plus élevé (la plupart ont un ordinateur et on appris l’existence du festival par Internet) reste attaché aux valeurs fondamentales » qui sont l’ordre, les poubelles bien rangées et les chaussettes propres le matin. En résumé, les tatoués et les percés n’ont aucun sens des valeurs : la preuve, ils ne savent pas s’il faut s’exhiber capillairement court ou long.
Roulez sourdingues
L’Éclair, le 10 juillet
À Tharon, une concentration tuning a rassemblé la crème régionale des bagnoles tiounées c’est-à-dire équipées de sono à tout péter. On note l’esthétique, intérieure et extérieure des aménagements des concurrents mais aussi la puissance du sound systems embarqués, qui s’appelle « pression acoustique ». Certains fadas du tiouningue sont vachement fiers d’annoncer 150 décibels de puissance dans l’habitacle de leur tuture. Les gendarmes exigent un interprète de langage des sourds par brigade.
Guide sommaire
L’Éclair, le 18 juillet 2003
La mairie de Sainte-Luce relooke son guide pratique. Apparemment, c’est très audacieux, puisque le nouveau guide a adopté « une présentation très moderne, inattendue et innovante de tout ce qui concerne la ville et ses habitants : le sommaire est en début au lieu de l’être généralement à la fin ». Mais le radicalisme révolutionnaire de cette conception ne s’arrête pas là et décline deux incroyables parti-pris : les services municipaux sont, nous dit-on, classés par ordre alphabétique et « le jeu des couleurs permet de bien visualiser les différents thèmes ». Il y a aussi deux plans de la ville et des pubs. Les citoyens lucéens vont-ils suivre tant d’avant-gardisme communicationnel ?
La période défaite
Ouest-France, le 25 août 2003
L’édito du jour, signé Dominique Moïsi, directeur adjoint de l’Institut français des relations internationales, est titré simplement : « Une défaite américaine serait aussi la nôtre ». Et nous revoilà tous américains, comme au lendemain de l’attentat du 11 septembre à la une du Monde. Ben qu’est-ce qui leur prend ? On n’a pourtant pas gardé les puits de pétrole ensemble. Cette célébration d’une communion avec les forces d’occupation laisse perplexe. Mais c’est vrai qu’en France, on ne peut pas savoir ce que c’est, on n’a jamais été occupé.
À certaines heures du temps
maville.com, le 19 septembre 2003
Le serveur internet nantais d’Ouest-France brigue le prix Pulitzer version dyslexique avec cette phrase mémorable : « À certaines heures, le trafic en ville est tel qu’à certaines heures, une automobile progresse à plus ou moins la vitesse d’une calèche, il y a cent ans.» C’est vrai ça, dans le temps, le temps allait plus ou moins vite, quand il avait le temps et c’était plus ou moins mieux.
Minute à poigne
Le Monde, le 20 septembre 2003
Pour « Défendre la France », et draguer à l’extrême droite, certains petits malins de l’UMP les plus à droite des héritiers du gaullisme, comme l’ineffable Robert Pandraud, Nicolas Dupont-Aignan ou Christian Estrosi ont choisi cet été de s’exprimer dans l’hebdomadaire Minute. Parmi eux, une de nos petites gloires locales, Serge Poignant himself, député du vignoble, qui signe la rubrique « coup de gueule ». Ça doit être la gueule du loup.
Bœuf en daube
Rezé Magazine n°82, octobre-décembre 2003
Sous le titre « Mainguet, Un effort payant », le journal municipal publie un encadré de l’article relatant les louables efforts entrepris par la suifferie rezéenne pour se mettre en conformité avec la loi, arrêter de polluer la Loire et empuantir le voisinage. Il est rappelé que l’entreprise Mainguet « est spécialisée dans le traitement des graisses animales (porc et canard)». Preuve par l’image, on voit une machine déverser des litres de graisse dans des caisses estampillées… « Graisse de bœuf raffinée et stérilisée ». Allez, encore un petit effort.
Un trophée pas trop fait
Ouest-France, le 6 septembre 2003
À Vertou, le tournoi de tennis de rentrée est doté de 4500 euros de prix. Les organisateurs sont contents : « L’évolution de la dotation se situe dans une ligne de conduite en adéquation avec l’ambition que le club a pour ce tournoi. » Avantage service.
Coquille bien élevée
Ouest-France, le 28 août 2003
Mollusques fragiles, les coques du Traict du Croisic ont morflé avec la chaleur. Mortalité record. Et les familles n’ont pas réclamé les corps. Devant les kiosques à journaux, Ouest France a placardé son affiche vantant l’article : « Éleveurs de coqs du Croisic en plein doute ». Du bivalve au gallinacé, il n’y a qu’un coq-à‑l’âne.
Excrèmement déplaisant
Presse-Océan, le 22 juillet 2003
La Baule ne supporte pas le chien, s’il est « incontinent ou mal élevé », c’est-à-dire s’il déjecte sur le trottoir et s’en va sans rien ramasser. On apprend que les deux moto-crottes municipaux ramassent onze tonnes d’étron de chien par an (autant que chaque jour à Paris). C’est ce qu’on appelle la loi de l’emmerdement maximum.