Eurofins : les laborantines se tapent le carton
Un déménagement sur le dos, ça peut donner mal au ventre. Histoire vécue par les laborantines d’Eurofins. Leader mondial dans l’analyse des aliments, Eurofins Scientific a inauguré fin septembre son nouveau labo dans le quartier de la Géraudière à Nantes. 1 700 m² de beaux locaux tout neufs, truffés d’appareils de mesure et d’analyse pour vérifier sous éprouvettes la teneur en sucre ou en d’acidité de produits de grandes surfaces, yaourts vanille, gâteaux secs, pinards et alcools. Des fois qu’on voudrait nous engraisser ou pire nous empoisonner ! Gilles Martin, le patron-fondateur de cette boîte de contrôle technique pointu et dont le site nantais emploie 130 personnes, avait rameuté le gratin de la politique régionale en pleine pré-campagne électorale, Fillon, Harousseau, Trillard, Ayrault avalant les bons chiffres et les performances mirifiques du groupe Eurofins en passe de « constituer un des premiers réseaux mondiaux de laboratoires spécialisés dans la bio-analyse *»…
La brillante société à cheval sur le smic horaire peut bien afficher sans pudeur un chiffre d’affaires de 160 millions d’euros, multiplié par dix ces quatre dernières années. Au passage, compétitivité oblige, Eurofins va fermer 25 des 60 sites dans le monde laissant sur le carreau 10 % des effectifs. À Nantes, le nouveau labo est bien beau mais il a coûté 7,5 millions d’euros. Il fallait bien demander aux braves techniciennes de laboratoire de faire un geste, elles qui sont tout juste payées 900 euros net par mois, assaisonnés de maigres primes trimestrielles accordées au mérite ! Ces employées en blouse blanche ont pu accorder toute leur générosité au groupe, réquisitionnées d’office pendant deux jours pour déménager elles-mêmes, à la main et à pied, tout le matos dans le nouveau labo, faire les cartons, emballer les éprouvettes et les machines. Chez Eurofins, pas de petites économies. Les petites mains doivent jouer les gros bras.
* Presse-Océan, le 27 septembre 2003.